Paris, octobre 1936. À la demande de Peugeot, l’ingénieur Jean Andreau imagine une toute nouvelle carrosserie pour la 402, juste après son lancement au Salon de Paris 1935. Tandis que la première des Peugeot véhiculant la ligne « fuseau-Sochaux » s’apprête à débuter sur le marché, les bureaux d’études de Peugeot, dans le xvie arrondissement de Paris, commencent déjà leurs investigations pour un hypothétique modèle 1940. Pour ce faire, ils appellent à la rescousse un éminent ingénieur des Arts et Métiers, Jean Andreau, qui possède un bureau d’études indépendant boulevard du Montparnasse, à Paris. À partir du châssis de la 402, Jean Andreau imagine une berline très profilée dont les qualités aérodynamiques procèdent de savantes réalités scientifiques.
Les premiers plans de la « 402 Andreau » sont datés d’octobre 1935, mais la voiture n’apparaît officiellement qu’au Salon de Paris 1936. Si la forme générale de l’avant reprend la calandre caractéristique de la 402 de série, avec ses phares resserrés derrière la grille bombée, le corps de la carrosserie est en revanche très original. Les flancs sont galbés, le pare-brise panoramique et très incliné, les vitres latérales sans montants et surtout le fuselage de l’arrière et son empennage projettent le prototype dans le futur. Henri Thomas, le styliste maison, se charge de donner de l’élégance et de l’harmonie à ces lignes scientifiques. Ses dimensions sont respectables avec une longueur de 509 cm sur un empattement de 315 cm.
Essayée en soufflerie, la maquette à échelle réduite donne des résultats saisissants. Le Cx descend à 0.34 (alors qu’il s’élève à 0.68 pour la berline de série). Équipé du même moteur 55 chevaux que la 402, le modèle « 1940 » serait crédité de 140 km/h au lieu de 115 ! Une aubaine pour l’ingénieur qui, selon la légende, serait payé au prorata des kilomètres/heure gagnés…
La 402 « 1940 » sert de laboratoire roulant et subit de nombreux essais dynamiques entre les mains, notamment, du pilote Charles de Cortanze. Plusieurs solutions techniques nouvelles sont expérimentées au fil des six prototypes qui sont réalisés. Des freins hydrauliques et même un moteur 8 cylindres en V seront essayés sur ces voitures portant les références NA8, N4X et N8X.
Théoriquement, la futuriste berline doit être lancée pour le millésime 1940, mais les tragiques événements en décideront autrement. Le projet est abandonné, mais l’un des prototypes est sauvé et conservé par un collectionneur de provence.
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